29/11/2010
Tchad

Les victimes des inondations face aux bandits, choléra et hippopotames

Un grand nombre de familles récemment déplacées par les inondations qui
ont frappé la capitale tchadienne N’djamena doivent faire face
quotidiennement aux bandits locaux, aux bêtes sauvages, au manque de
toilettes et aux vents nocturnes qui font s’écrouler leurs tentes de
fortune. Le gouvernement du Tchad a annoncé fin octobre qu’il allait
reloger des milliers de personnes touchées par les inondations quand le
fleuve Chari a débordé, mais ce genre d’opération va demander du temps.
En attendant, les familles dont les maisons se sont écroulées survivent
comme elles le peuvent : de nouvelles difficultés venues s’ajouter à ce
qui était déjà des conditions de vie très pénibles dans le quartier de
Walia. Les bandits du quartier, connus localement sous le nom de "colombiens"
– parce que, selon les habitants, ce sont des drogués – sont toujours
dans les parages et menacent les gens qui vivent dans les tentes et les
abris improvisés, ont dit à IRIN des familles déplacées. Un certain
nombre d’hommes qui avaient un emploi stable ont perdu leur travail.
C’est le cas de Sabour Kebgue. "Vous êtes absent deux ou trois jours et on vous vire",
a-t-il dit. "J’étais en train d’essayer de sauver ma maison et ma
famille, mais ça, ils ne veulent pas l’entendre"
. Un homme a montré le
fossé tout proche : "Voilà, ce sont nos toilettes, Madame". Les
gens ont installé quelques latrines de fortune – des tas de petits
cailloux entourés de tapis de plastique ou de bouts d’aluminium – dans
la partie où sont les tentes, pour y uriner, mais les gens défèquent en
plein air. Selon les travailleurs sanitaires, c’est un souci, car le
choléra a touché plusieurs régions du Tchad, y compris la capitale. Le
nombre de cas a beaucoup diminué ces dernières semaines, "mais nous devons rester vigilants et poursuivre les efforts de prévention",
a dit à IRIN Salha Issoufou, coordinateur des urgences à Médecins sans
frontières-France. Des femmes ont dit à IRIN qu’elles attendaient que la
nuit soit tombée pour se laver, dehors en plein air, le long de la
limite de la zone des tentes ; ceci au risque de se trouver confrontées
aux hippopotames.

IRIN – AllAfrica 19-11-2010